En ce début de XXe siècle, la bande organisée des «chauffeurs du Nord» pille les fermes et tue sans pitié. On les appelle ainsi parce qu'ils brûlent les pieds des victimes pour savoir où se trouve leur magot. Exode rural vers les grands centres industriels, alcoolisme et misère, caravanes de nomades venus des pays de l'Est, développement des chemins de fer, en 1905, la criminalité atteint des sommets avec 103 000 faits enregistrés par la justice, mais seulement 23 000 délinquants arrêtés par la police et emprisonnés. En face, les polices municipales, gardes champêtres et gendarmes paraissent plus préoccupés par les soucis locaux des maires (voirie, électricité) et par les voleurs de poules. Quant à la police des chemins de fer,qui date de 1855, il ne s'agit que d'une police politique que le maréchal Pétain rebaptisera Renseignements généraux en 1941. D'ailleurs, en 1894, l'assassin du président Sadi Carnot, à Lyon, a pu s'enfuir par le train sans être inquiété.
La nouvelle police : casquette, savate et cabriolets
Seules deux polices d'Etat font du judiciaire, l'une à Lyon et l'autre à Paris. C'est la Sûreté, montée en 1811 par l'ancien bagnard François Vidocq et limitée au département de la Seine, qui se met davantage au service du préfet de police que des magistrats. «15 millions de francs pour Paris et Lyon, 3 millions de francs pour le reste de la France et... pour garder les frontières», s'indigne, en 1906, le président du Conseil et ministre de l'Intérieur Georges Clemenceau. Les radicaux ont cependant d'autres chat