Dans l'entre-deux-guerres, il était le «flic le plus célèbre de France». Avec son prédécesseur Marcel Guillaume, il avait servi de modèle à Georges Simenon pour confectionner son personnage de Maigret. A la Libération, le commissaire Massu, l'homme «aux trois mille deux cent cinquante-sept arrestations», est arrêté, accusé de collaboration. En prison, il fait une tentative de suicide. Blanchi, il sort de Fresnes, après huit mois d'internement. C'est un homme brisé, qui part en retraite quelques mois plus tard.
Inavouables. «L'as de la brigade criminelle» de Paris a payé les fautes d'une institution. Ses épreuves illustrent l'«ambiguïté du rôle des policiers pendant l'Occupation», écrit l'historien Jean-Marc Berlière, dans son ouvrage de référence, les Policiers français sous l'Occupation (1). La guerre, c'est la période noire de la PJ, sa face honteuse. A propos de ses brigades, Clemenceau disait qu'elles formaient la «seule police qu'une démocratie puisse avouer, celle des crimes et des délits». Sous le gouvernement de Vichy, ses missions deviennent inavouables.
Dès les premières attaques antiallemandes, Vichy veut montrer à l'occupant l'efficacité de sa police. La PJ, comme les Renseignements généraux ou la police municipale, se dote de sa «brigade spéciale criminelle» chargée de la lutte contre les «terroristes». Ce sont ses hommes qui démantèlent le groupe de Gilbert Brustlein qui a tiré contre un Feld