Le commissaire divisionnaire François Le Mouel explique à Libération sa nomination en septembre 1971 à la tête de l'office des stups, et celle de Marcel Morin comme chef de la brigade des stups de Marseille, sur «pression des Américains» pour s'attaquer à la French Connection.
«Protégés». «Les Américains nous accusent alors d'être les pourvoyeurs d'héroïne des Etats-Unis. Juste avant une rencontre entre les présidents américain et français, prévue en avril 1971 aux Açores, Nixon écrit à Pompidou pour attirer son attention sur le fléau de la drogue dans la jeunesse américaine. Ses services lui rapportent que la France fournit 80 % de l'héroïne aux Etats-Unis. Le gouvernement français répond tout simplement que ce n'est pas vrai. Les Américains insistent. Le premier jour de mon entrée en fonction, le ministre de l'Intérieur, Raymond Marcellin, me convoque, fou furieux, à cause d'une interview du chef du bureau américain des narcotics à Paris qui dit : "A Marseille, des gros bonnets sont protégés." Il avait été téléguidé par sa hiérarchie pour créer un scandale, un choc, et nous mettre la pression.
«Morin descend à Marseille avec huit gars, véhicules et radios. Moi, je prends d'anciens policiers expérimentés de l'Antigang. Et on se met au boulot, avec nos méthodes éprouvées d'enquête, surveillances de truands, sous-marins [fourgonnettes de police banalisées équipées de vitres sans tain, ndlr], filatures de longue haleine, informateurs, e