Il faut une sacrée dose de haine pour charger une tonne d'explosifs dans un camion, et aller froidement le faire sauter dans une rue commerçante animée, fréquentée par la communauté adverse. Bilan : au moins 130 morts, et des scènes de désolation dignes d'un bombardement aérien, des survivants traumatisés à vie, et un fort goût de revanche dans la bouche. Cet attentat de samedi, le second par le nombre de victimes depuis la chute de Saddam Hussein il y a bientôt quatre ans, a, depuis, été suivi de plusieurs autres. Ainsi va la vie quotidienne à Bagdad, où l'attentat aveugle a pris une tournure routinière, n'attirant plus l'attention que lorsque le bilan est particulièrement lourd. Les violences, entre communautés et en leur sein, sont telles que, pour la première fois, un rapport des services de renseignements américains emploie les mots de «guerre civile» que l'administration Bush s'était bien gardée d'utiliser jusque-là. Il n'y a pas grand monde, au sein même de l'administration, pour imaginer que le surge, c'est-à-dire l'envoi de davantage de troupes américaines à Bagdad, soit la réponse adaptée au type de conflit qui se développe à l'intérieur de l'Irak. L'obstination du président des Etats-Unis à chercher une sortie honorable passant par un dernier effort militaire se heurte à l'absence de débouchés politiques en Irak même. L'insistance à Washington sur la «réconciliation nationale» irakienne, ou sur la nécessité d'«encourager les Irakiens à fair
Dans la même rubrique