Hier matin, Ishmaël Beach, un jeune Sierra-Léonais de 26 ans, a ému l'assistance du centre Kléber en racontant comment, à 12 ans, «prendre un fusil et tirer sur quelqu'un était devenu quelque chose d'aussi facile que de boire un verre d'eau». Mais il y a pire qu'avoir été un jeune garçon, arraché à sa famille, parfois drogué, formé à tuer, à piller et à violer. Le pire, c'est d'avoir été une fille enfant soldat. Les filles sont en effet les grandes oubliées des programmes de démobilisation qui ont pu être mis en oeuvre, principalement en Afrique. Pourtant, elles représentent jusqu'à 40 % de certains groupes de jeunes combattants.
Rage et nausée . Parfois combattantes, souvent esclaves sexuelles et systématiquement domestiques corvéables à merci, leur statut est plus difficile à cerner. Non seulement il leur est arrivé de tuer, mais elles ont été violées par leurs supérieurs, ont dû avorter ou élever un enfant non désiré et vite abandonné par le géniteur. China Keitetsi raconte tout cela avec la rage et la nausée, dans la Petite Fille à la kalachnikov (éd. Complexe, Libération du 28 août 2004).
«La honte et le déshonneur ressentis par les filles ayant été associées aux groupes armés sont les raisons majeures qui font que la majorité d'entre elles ne s'est pas présentée pour l'identification et la vérification qui leur auraient permis d'accéder aux services offerts par le programme national de réinsertion», a expliqué hier le ministre des Affaires étr