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Libération
Éditorial

Tromperie

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publié le 6 février 2007 à 5h53

La feuille d'impôt n'est pas l'ennemi de l'emploi. Paraphrasons donc le candidat Chirac, qui avait dû, en 1995, réhabiliter le pouvoir d'achat contre la pensée unique du candidat Balladur, et applaudissons la pétition que lance Alternatives économiques.Libération la défend, parce que la pensée unique aujourd'hui est contre l'impôt. La droite n'en parle plus que pour le plomber, le désigner à la vindicte comme le responsable des maux du pays et de la fuite de ses puissants.

C'est l'exilé dans le canton de Berne qu'on applaudit, c'est le citoyen resté en France que l'on moque. Belle dégradation de l'esprit civique que promeut le candidat de l'UMP. Nicolas Sarkozy veut continuer à baisser l'impôt sur le revenu, à alléger les droits de succession et à vider de sa substance l'ISF, tout en prétendant améliorer le sort des plus démunis. Il y a tromperie. On est loin du Jaurès qu'il aime citer. Lui vantait l'impôt progressif et global qui sert «à doter vraiment et substantiellement les grandes oeuvres de solidarité sociale». L'impôt mérite mieux que la démagogie de ce début de campagne. Il vaut d'être reconnu pour ce qu'il est : un élément de lien social et un instrument, certes imparfait, de redistribution. On donne à la société en fonction de ce qu'on a pour qu'elle vous donne en retour. Grâce à l'impôt, on entretient des services publics, on paie des enseignants, des fonctionnaires de police, etc. Tous ceux qui le fustigent défendent de fait le repli sur soi e