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Libération
Éditorial

Casse dalle

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publié le 8 février 2007 à 5h56

Un candidat qui hésite à se rendre en banlieue peut-il être élu président de la République ? On mesure l'importance pour Nicolas Sarkozy de sa visite programmée à la dalle d'Argenteuil. Depuis des mois, son entourage s'escrime à la rendre possible. Une conseillère a mission de raccommoder le lien avec des jeunes qui se sont sentis insultés quand, un soir d'octobre 2005, le ministre avait promis de débarrasser le quartier de sa «racaille». Rachida Dati, avec un certain talent, a su en récupérer suffisamment pour organiser une réception en décembre Place Beauvau. Mais recevoir chez soi dans la chaleur d'un buffet et se rendre chez ceux qui ont la dalle n'a rien à voir. La mémoire des émeutes est vivace chez les jeunes et pas seulement ceux d'Argenteuil. C'est avec toute une partie de la jeunesse française que le ministre s'est coupé à l'automne 2005. Des jeunes qui ont parfois transformé leur antisarkozisme primaire en motivation de vote sous l'influence, entre autres, d'un rap devenu un vrai langage politique. S'il veut convaincre qu'il peut être le président de tous les Français, y compris des cités qu'il voulait nettoyer au «Kärcher», le candidat UMP ne peut pas se contenter de citer Jaurès et d'enfiler les visites d'usines. Il lui faut d'abord montrer qu'il n'est pas interdit de séjour dans les banlieues. Sa prise de l'Elysée passe par leur reconquête. Les banlieues, pour l'heure, sont bizarrement absentes de la campagne, alors que s'y concentrent pourtant to