Maître Francis Szpiner la brandit dans la salle du tribunal, l'agite devant les témoins, puis la repose bien en évidence sur sa table. Pour l'avocat de la Mosquée de Paris, cette caricature de Mahomet coiffé d'une bombe «stigmatise toute une communauté» en confondant «islam et terrorisme». C'est sa principale munition dans le procès intenté à Charlie Hebdo pour «injure publique à l'encontre de personnes en raison de leur religion». Une preuve du «racisme» dont s'est rendu coupable à ses yeux le journal satirique en publiant le 8 février 2006 les douze dessins danois consacrés au Prophète. «A l'époque du Prophète, il n'y avait pas de bombe, lui répond Philippe Val, directeur du journal. Ce dessin dénonce l'utilisation que font les terroristes de l'islam.»
A la barre, pendant une heure, le patron de Charlie explique pourquoi il a reproduit ces illustrations qui venaient d'enflammer le monde musulman. Il voulait, dit-il, manifester sa «solidarité» avec le directeur de France Soir, qui venait d'être limogé pour avoir commis ce même péché, mais aussi lutter contre l'intégrisme. Il récuse la notion de choc des civilisations. «Il n'y a que le choc de pays convertis à la démocratie et de ceux plutôt totalitaires.» Et il s'énerve contre Salah Djemai, avocat de la Ligue islamique mondiale, bras armé de l'Arabie Saoudite, qui l'accuse d'avoir soufflé sur la braise : «Le feu, il a pris depuis bien longtemps»,