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Libération
Éditorial

Rustines

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publié le 10 février 2007 à 5h59

«L'histoire avance par le mauvais côté», disait Lénine, qui avait remarqué qu'on apprend plus vite à ne pas marcher sur les râteaux quand on a reçu un bon coup de manche dans la figure. Avec l'Erika, c'est pareil : on n'était pas vraiment obligé de le laisser couler au large de la Vendée pour savoir qu'une marée noire c'est une cochonnerie dont on peut se dispenser avec un peu de bon sens. Mais le bon sens n'est pas vraiment la chose la mieux partagée parmi les nations de la planète. Après le naufrage de l'Erika et grâce à lui, avec aussi le renfort du pétrolier Prestige et de son fioul lâché sur les côtes galiciennes trois ans plus tard, la réglementation a fait des progrès, du moins parmi les pays européens. Mais, comme pour toutes les menaces concernant l'environnement global, le filet de sécurité reste peu fiable, notamment en l'absence d'une autorité de supervision indépendante et contraignante.

Certes, la conscience d'un devoir de protection international progresse, mais elle le fait avec une lenteur encore plus désespérante que celle avec laquelle les salissures de goudron se sont effacées des rochers ou des plages. Pourtant, des alarmes clignotent où qu'on tourne la tête, sur l'eau douce (pénurie !) comme dans l'eau salée (plus de poissons !), sur la terre (déforestée et ravinée !) comme au ciel (réchauffement !). Et, depuis l'Erika, le commerce mondial, notamment celui des hydrocarbures, a connu une croissance encore jamais vue, et