D'habitude, Jean-Claude Kaufmann étudie le couple par le petit bout de la lorgnette : le linge, les casseroles, les premiers matins, récemment les agacements conjugaux (1). En sociologue du couple, il suit avec passion la campagne présidentielle.
Est-il important d'être en couple pour réussir en politique ?
Jusqu'aux années 60, il est clair qu'il fallait être non seulement en couple, mais marié, et pas divorcé. Depuis, les libertés de moeurs et de comportements ont avancé, et on est entré dans la société du double langage. Des normes implicites continuent à structurer la société : le modèle reste celui de la vie commune. Si on demande à propos de la famille recomposée, de la famille homoparentale «est-ce bien ?», «est ce mal ?», on a comme réponse «chacun fait ce qu'il veut». Les gens sont contents d'exprimer des principes de tolérance. Ils sont sincères, mais très vite ils se sentent obligés de rajouter des restrictions. Exemple : «mais quand même, trois divorces» ou «Elle a 42 ans et ne s'est jamais mariée...». En gros : chacun fait ce qui lui plaît, mais si on ne fait pas pareil il faut se justifier... On voit ça avec l'exemple des seins nus sur la plage-thème que j'avais étudiée. Dans mon enquête, on me disait : «Chacun fait comme il veut... mais la vieille, c'est vraiment trop affreux.» Etre un peu hors norme, cela peut séduire. Chacun a envie de sortir de codes rigides de la famille mariée, du règlement conjugal, sans la moindre vibrati