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Libération
Éditorial

Renaissance

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publié le 17 février 2007 à 6h10

Le site Internet de rencontres Meetic est un succès français moins surprenant qu'il ne peut sembler : il est même logique si l'on considère que les habitants de l'Hexagone sont aussi en avance dans l'utilisation du Net pour le shopping. Du commerce des marchandises à celui des âmes soeurs et des caresses échangées, le pas est étroit et vite franchi, surtout pour les générations tôt aguerries dans l'art du SMS. Il y a quelque chose d'émouvant de voir que la civilisation érotique du XXIe siècle se fait sous le signe d'une renaissance des amours épistolaires qui avaient pratiquement disparu en dehors des populations pénitentiaires ­ même quand l'écriture n'est que le plus court chemin du speed dating.

D'ici peu, Meetic généralisera pour les femmes un droit d'entrée identique à celui exigé des hommes. Son ancienne pratique rappelle celle de ces boîtes un peu crades qui assurent la gratuité aux filles, désignées ainsi au rôle de publicité ambulante. Personne ne va sur Meetic pour faire tapisserie et tout le monde y est acteur. Il y avait une contradiction entre l'archaïsme moral de cette gratuité unisexe et la modernité de la drague électronique qui repose avant tout sur une profonde équivalence des participants, sur une égalité de départ qu'aucune circonstance dans la vie sociale ne peut offrir ­ quitte, bien sûr, à ce que les critères sociaux et culturels reprennent leurs droits une fois la rencontre engagée ou consommée.

Le recours au Net pour les relations amoureuses com