Menu
Libération

A Berre, 34 années de gourbi temporaire

Article réservé aux abonnés
Au nord de Marseille, jusqu'à 80 immigrés vivent sans eau ni électricité sur un terrain prêté depuis 1973. Les associations craignent un relogement autoritaire de ces travailleurs.
publié le 20 février 2007 à 6h13

Berre-l'Etang (Bouches-du-Rhône) envoyé spécial

C'est «le gourbi de Berre», un bidonville à la campagne, fait de vieilles caravanes aux roues crevées, enrobées de bâches de plastique. Les chats y divaguent en miaulant. On ne le voit pas de la route, dissimulé par les serres, dans cette plaine maraîchère de Berre-l'Etang (Bouches-du-Rhône), à 40 km au nord de Marseille. Ici, sans eau ni chauffage ni électricité, vivent des hommes : 50, 60, parfois 80. Immigrés maghrébins, ils sont seuls, sans famille, restée au pays. Certains travaillent comme saisonniers agricoles, d'autres sont au chômage, au RMI, invalides ou à la retraite. Les plus âgés habitent là depuis des années. Des plus jeunes sont de passage, pas toujours en situation régulière. «Les gens ne choisissent pas de venir ici, mais il n'y a rien d'autre pour se loger. Et ils répondent à un besoin spécifique de l'agriculture telle qu'on la pratique ici», explique Claude Pineau (Ligue des droits de l'homme). Qui se demande : «Faut-il les garder dans une situation inhumaine pour mieux les exploiter ?»

Douches. Le gourbi existe depuis 1973, quand le propriétaire a prêté le terrain à quelques ouvriers. Depuis, le campement de fortune a résisté aux menaces d'expulsion, aux descentes de gendarmerie, aux procédures judiciaires. Employeurs et saisonniers en ont besoin. Il s'est même amélioré, avec des douches et des toilettes (1), et un ramassage d'ordures. Mais il constitue «une situation inacceptable, digne du X