Alain Mergier est sociologue. Avec Philippe Guibert, il a publié le Descenseur social (1) à la Fondation Jean-Jaurès (proche du PS), à l'automne. Cette enquête sur les milieux populaires a une grande influence auprès des candidats à la présidentielle et notamment sur Ségolène Royal. Alain Mergier expertise les choix de la candidate socialiste en matière de modèle social, à partir de ses déclarations faites lundi soir sur TF1.
Ségolène Royal souhaite «remettre debout la maison France». Que cela signifie-t-il ?
Elle possède une conception dynamique des choses. Pour elle, il ne s'agit pas simplement de rétablir l'égalité, comme on peut le concevoir dans une vision classique de gauche. Le coeur des choses, c'est de faire du citoyen, de tout citoyen, un acteur de la vie économique. Il faut que chacun, à son niveau de compétence et d'envie, puisse avoir un rôle économique, que personne ne reste au bord de la route. Chacun doit participer, travailler et consommer. C'est ça, «remettre debout la maison France.» C'est très différent de ce que propose Nicolas Sarkozy, qui lui parie sur le fait que les meilleurs finiront par tirer les autres vers le haut. Et finalement nourrit sa dynamique des inégalités. Ségolène Royal, elle, souhaite que chacun puisse se mettre au boulot.
Elle dit aussi la «dignité c'est de ne pas être assisté»...
C'est le volet éthique qui complète sa vision de l'économie. L'assistanat est une déchéance, une dépravation des valeurs de gauche. L'assistanat,