Bécassine ? Bernadette Soubirous ? Non : Ségolène Royal. La candidate socialiste fait des gaffes ? On oublie toujours de parler de celles de Nicolas Sarkozy qui sont légion. La candidate socialiste fait preuve de compassion envers une personne handicapée ? C'est peut-être qu'elle a du coeur... Ses adversaires s'acharnent à lui dénier toute sensibilité sous le prétexte qu'une femme politique est forcément plus dure qu'un homme, puisqu'elle n'est pas dans son rôle naturel. Eternels clichés masculins... Royal est redevenue Ségolène : c'est la principale explication du regain de faveur que son émission réussie sur TF1 a provoqué et que son meeting de Rennes a confirmé. Les signes en sont ténus mais ils ne trompent pas. Il n'y a pas que les sondages dans une campagne : il y a l'intuition, les chiffres d'audience, les études qualitatives et même horresco referens les analyses des journalistes, de droite comme de gauche.
Royal est redevenue elle-même sur la forme : un discours clair et une veste blanche. Elle a surtout retrouvé ses bases : une liberté de ton à l'égard des vieilles lunes socialistes. S'il y a une bécassine, c'est la vieille gauche étatiste, dépensière, irréaliste et «européolâtre». Royal fait appel à la responsabilité, elle fustige l'assistanat, elle veut une réforme de l'Etat. Socialisme libéral ? Blairisme ? Non. Mendésisme au féminin, mitterrandisme moralisé, jospinisme décoincé... Le dépassement, en fait, de l'antique distinction entre première et deux