Londres de notre correspondante
En 1991, comme tous les dix ans, Anglais et Gallois sont invités à coucher leur identité, en détail et sans pudeur, sur les registres du gouvernement. C'est le recensement national. Mais, pour la première fois, l'origine ethnique fait l'objet d'une question. En 2001, rebelote. Mais les options s'élargissent : le recensé peut choisir la case «métis» ou l'une des anciennes options (blanc, noir, asiatique du Sud et asiatique). Pour qui se sentirait peu à l'aise dans l'une des cases, reste un espace blanc où se définir en liberté. Page 6 du même questionnaire, nouvelle surprise. Désormais, le gouvernement britannique interroge ses citoyens sur leurs religions. Mais répondre demeure optionnel.
Pincettes. Pourquoi donc la notion d'ethnicité apparaît-elle soudainement ? «Avant, il suffisait d'interroger sur le pays de naissance pour obtenir l'origine ethnique d'une personne, précise Robert Decco, du Bureau national des statistiques. Mais, en 1991, les communautés étaient déjà formées des enfants et des petits-enfants des immigrés. La question de la naissance devenait inutile.»
Pour prévenir toute attaque, le gouvernement s'arme de pincettes : «Avant chaque recensement, nous faisons un sondage pour savoir si les questions sont jugées acceptables, si elles sont bien formulées, explique Decco. En 1981, les sondés ont déclaré qu'ils n'étaient pas prêts à être interrogés sur leur origine ethnique. En 1991 ils l'étaient, et en 2001 la