Airbus en piqué, Airbus en zigzag... Qui croira qu'un avion de ligne est fait pour la voltige ? Le résultat, on le voit. Les informations familières des secteurs industriels en perdition se mettent à concerner le fleuron européen : des milliers d'emplois supprimés, des usines vendues ou fermées, et même cette chose très peu high tech, des débrayages spontanés sur les chaînes de montage... Que s'est-il passé ? Les explications à l'emporte-pièce ne manquent pas, depuis le joli mais passe-partout de Bernard Thibault «le monde des affaires ne doit pas diriger les affaires du monde» jusqu'à la non moins routinière condamnation du dirigisme étatique. Comment ne pas voir que les deux camps tiennent chacun un bout de raison ? Airbus n'aurait pas existé sans volonté politique (voire sans les subventions afférentes), et Airbus n'existera pas sans s'adapter aux règles cruelles du business.
Pour les dirigeants d'Airbus, ces règles commandent de piloter leur entreprise avec quelques années d'avance sur les turbulences prévisibles. A cette échelle-là, les 10 000 emplois aujourd'hui dans la balance ne pèsent pas lourd. L'archi-rival Boeing, un temps désarçonné par la concurrence venue d'Europe, a procédé à une remise à plat de son modèle industriel. Les résultats de sa purge commencent à se faire sentir. Mais le recours élargi à la sous-traitance suppose l'existence d'un outil industriel en dehors du groupe capable de relever le défi. Les Américains ont su le trouver, les Européens o