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Libération
Éditorial

Trou noir

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publié le 9 mars 2007 à 6h32

Il n'est plus très loin de réussir son pari : s'imposer comme dynamiteur, à l'égal de Le Pen. En 2002, l'extrême droite avait sorti la gauche de la présidentielle. Bayrou fait plus fort qui menace d'exclure gauche et droite. D'exploser le «système» en emportant les vieux clivages dans le trou noir de la révolution du centre. Fi de ce qui fonde la vie politique depuis 1789 ! Il promet une union nationale qui renvoie aux heures tragiques de l'histoire de France, mais peut en attirer certains après une succession d'alternances sans vrai changement. Cette révolution, qui laisserait l'opposition aux seules extrêmes, est nourrie par les faiblesses des candidats de gouvernement. Et l'habileté de l'ancien ministre de Balladur et de Juppé pour brouiller les pistes et masquer son ancrage à droite. Ceux qui ne veulent pas de Royal et ceux que Sarkozy inquiètent sont tentés de le voir comme une valeur refuge. Bayrou ou la protestation utile. Celle qui pourrait aboutir à l'Elysée et transmuer en chef de l'Etat cet admirateur d'Henri IV tenté d'être le Ravaillac de la Ve République. Bayrou a déjà pris la place de tous les candidats antisystème ­ seul Le Pen tient encore. Cinq ans après le séisme du 21 avril, il menace Royal et Sarkozy d'un mortel 22 avril. Le péril peut être salvateur pour la socialiste et l'aider à mobiliser son camp. La gauche ne résisterait pas à une deuxième élimination. L'UMP, elle, n'est pas prémunie contre une première. Dans la lutte finale du dernier carré de prét