A six semaines de la présidentielle, Ségolène Royal n'en a qu'une ou deux pour redresser la barre face à la concurrence inattendue de François Bayrou. La percée de celui-ci, dont il n'existe aucun exemple dans aucune précédente élection, bouleverse la division en deux camps politiques opposés. Même le 21 avril 2002, malgré son résultat atypique, n'avait pas vraiment infirmé ce bipartisme, la gauche n'ayant dû alors son élimination qu'à une dispersion suicidaire. Alors qu'aujourd'hui Bayrou taille des croupières à Royal depuis l'extérieur de la gauche. Pour emporter ce qui est devenu une primaire anti-Sarkozy, la socialiste a le choix entre deux tactiques : souligner son ancrage à gauche ou mettre en avant sa capacité de rassemblement, du centre à l'extrême gauche. Chacune de ces attitudes a un inconvénient pour corollaire. En résumé : les éléphants ont tort quand ils ne sont pas là et sont gênants quand ils se montrent.
Royal doit espérer un sursaut patriotique d'une gauche déstabilisée. Mais solliciter ce réflexe peut se révéler contre-productif : c'est quand elle a commencé de gauchir son discours pour rassembler le PS qu'elle s'est mise à perdre le soutien de cette partie flottante de l'opinion qui l'avait imposée face à ses rivaux et qui, depuis, s'est reportée sur Bayrou. A l'inverse, l'ouverture large de son compas politique, qui lui a valu ses succès initiaux, a l'inconvénient de la banaliser par rapport à son concurrent centriste. Et notre sondage montre qu'elle a par