Ségolène Royal n'a ni le monopole de la gauche ni celui de la candidature féminine à la présidence. La preuve, elles sont quatre en lice. Quatre de gauche, ce qui, au passage, démontre une fois de plus que l'égalité, fut-ce celle des sexes, n'est décidément pas une valeur du camp conservateur.
Quatre donc, une verte, une trotskiste, une communiste, une socialiste, et pourtant il n'y en a qu'une qui existe : Royal. Les autres sont réduites à peau de chagrin dans les sondages. Comme l'ensemble de la gauche à la gauche du PS. Où est passée cette force protestataire qui était dans le camp des vainqueurs, le 29 mai 2005, cette extrême gauche qui créait la surprise en 2002 en dépassant les 10 % de suffrages ?
Le vote utile l'a assommée. Les antilibéraux auraient réussi à s'unir, ils auraient autrement pesé, et toute la gauche y aurait gagné. Mais les querelles juvéniles de boutique l'ont emporté sur l'envie de créer une force politique alternative d'ampleur. José Bové n'a pas réussi à fédérer et, parti trop tard en campagne sous sa seule bannière, il n'est pas sûr de rester dans la course. La gauche protestataire s'est fait cannibaliser par la protestation molle de Bayrou et le traumatisme du 21 avril, qui pousse l'électeur à éviter la dispersion. La campagne officielle, qui offre à chacun le même temps d'antenne, peut l'aider à se récupérer un peu. Mais son avenir est incertain. Que vaut une protestation qui ne se donne pas les moyens d'obliger la gauche de gouvernement à tenir com