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Libération
Éditorial

Jury sans complaisance

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publié le 21 mars 2007 à 6h45

Le syllogisme s'énonce clairement. Les banlieues sont un concentré des maux du pays : pauvreté, chômage, discrimination, mal-logement, mal-transport, délinquance. Qui apparaîtra comme le plus capable de résoudre leurs problèmes aura toute chance de convaincre aussi qu'il est le plus à même d'apporter une réponse au mal français. C'est dire si les banlieues sont au coeur de la campagne présidentielle. Tout prétendant doit en passer par elles pour persuader de sa capacité à rompre avec les habitudes et à changer les choses. Elles mettent à l'épreuve les crédibilités et révèlent les insuffisances. Elles sont un jury sans complaisance devant lequel aucun ne peut se dérober. Les candidats le savent. Nicolas Sarkozy en tête, qui n'a cessé de reporter une visite annoncée sur la dalle d'Argenteuil où, en octobre 2005, il avait écorné sa carrure de présidentiable en parlant racaille. Un report en train de devenir le symbole d'une faille chez le candidat UMP. Un homme qui emploie des mots qui mettent le feu peut-il être le président de tous les Français ? «Les mots sont des armes. Un président de la République, ça doit être juste dans ses mots», rétorque François Bayrou. L'agrégé de lettres a compris que le point faible de Sarkozy est là. Comment peut-il rassembler les Français si les cités le boudent ? Alors le centriste en rajoute qui veut faire croire que lui aime les banlieues et qu'elles le lui rendent bien. En 2002, une paire de gifles sur un gamin de dix ans qui lui fais