Menu
Libération
Éditorial

Accros

Article réservé aux abonnés
publié le 23 mars 2007 à 6h47

Ce qui est bon pour Total est bon pour la France, et le bien public supérieur justifie quelques accommodations avec la morale ordinaire. Longtemps les élites industrielles et politiques ont fonctionné avec une convention tacite selon laquelle il existe une corruption excusable parce que exportée et indispensable à la bonne marche de l'économie, et une autre, vulgaire et condamnable. Ce temps est en principe fini puisqu'un traité international est venu prohiber ces pratiques. Mais quelques affaires récentes semblent montrer que des grands groupes, comme tous les toxicomanes, ont du mal à décrocher du bakchich. La tourmente où est plongé l'allemand Siemens et les entourloupes de Blair montrent que la France n'a pas l'exclusivité de ce genre de maladie récidivante.

Bien entendu, la corruption est particulièrement ancrée dans ces domaines où l'argent, beaucoup d'argent, rencontre le pouvoir, dont les industries de l'armement et celles des hydrocarbures sont des cas typiques. Or les vieilles excuses ne marchent plus et elles peuvent même, sur un plan strictement économique, se révéler contre-productives. Les sociétés qui se font attraper à conclure des marchés en «arrosant» leurs interlocuteurs sont déstabilisées et risquent d'être pénalisées bien au-delà des comptes qu'elles doivent à la justice. Il y a quelque vraisemblance que cela arrive à Total et cela explique les embarras des syndicats de la compagnie pétrolière, partagés entre leur «patriotisme d'entreprise» (voire