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Libération
Interview

«Les Français manquent de balises»

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publié le 24 mars 2007 à 6h49

Chercheur au Cevipof, centre de recherches politiques de Sciences-Po, Bruno Cautrès, analyse les différentes facettes de l'euroscepticisme à la française.

Le vote du 29 mai 2005 marquait-t-il une rupture ?

C'était tout sauf un mouvement d'humeur. Ces dix dernières années s'est opérée une forte cristallisation politique et sociologique de l'opinion vis-à-vis de l'enjeu européen. Très longtemps, le soutien des Français à la construction européenne a été un soutien diffus, une adhésion molle au projet politique d'unifier les peuples dans une perspective de paix. Cette représentation se brise à partir du début des années 90, avec la négociation du traité de Maastricht : on voit alors très clairement le niveau général de soutien à l'Europe s'effondrer et revenir à son niveau du début des années 70. Le référendum de 1992 sur Maastricht mettait en lumière un clivage entre le camp souverainiste et le camp européiste. Avec le vote de 2005 apparaissent deux autres clivages qui compliquent le tableau : d'un côté, une crainte arc-boutée sur la défense de l'identité nationale et, de l'autre, un doute social sur l'Europe. Ce dernier est politiquement plus coloré à gauche, tandis que le doute identitaire est plus coloré à droite.

L'opinion française est-elle encore moins proeuropéenne qu'à l'époque de la création du Marché commun, lorsque gaullistes et communistes dominaient la scène politique ?

Dans la classe politique, il n'y a plus guère que Le Pen et Villiers à réclamer que la France sorte