A Libération, on aime bien la gauche. Toute la gauche. Celle, utile et sympathique, de la protestation permanente liée par le serment solennel de ne jamais se colleter au pouvoir. Mais aussi celle qui gagne. C'est la plus dérangeante, la plus difficile à supporter, la moins facile à aimer. Car le pouvoir conquis, il lui arrive de se perdre en compromissions et en facilités. Ce n'est pas seulement la faiblesse des hommes, c'est le poids de l'ordre établi qui toujours parvient à mettre des bâtons dans les roues aux idéaux, difficiles à atteindre, de justice et d'égalité. Tel est le terrible destin de la gauche de gouvernement : risquer de décevoir dès lors qu'elle a soulevé assez d'espoir pour gagner. Mais tel Sisyphe, elle repart à chaque élection pour convaincre qu'elle peut changer le monde. Il revient à Ségolène Royal, cette fois, d'assumer la responsabilité de la conquête du pouvoir. Qu'elle soit une femme en situation d'emporter l'Elysée est une nouveauté mais pas une garantie de victoire. Au contraire. Cela lui a valu plus de coups que la moyenne, de la misogynie des éléphants jusqu'au poignard dans le dos d'un ex du PS touché en pleine campagne par la grâce du sarkozysme. La candidate n'est pas devenue une femme battue. Elle continue de faire jeu égal avec Sarkozy qui propose de poursuivre la politique qu'il mène depuis cinq ans. Contre la déprime d'une droite qui réprime, Royal a joué la proximité d'une gauche qui a appris de ses erreurs. Et a su renouer avec l
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