Le «moment Bayrou» est-il terminé ? On le dit, mais on s'avance beaucoup. Certes, les sondages obsédants sondages lui sont un peu moins favorables. Certes, les inconnues qui suivraient son éventuelle victoire demeurent. Mais l'homme a de la ressource, comme le montre sa prestation dans Libération. Et si l'on parle sondages, rappelons que jamais un centriste ne fut, depuis des décennies, si haut dans les intentions de vote. Rappelons surtout que l'écart dont bénéficie, face à lui, Ségolène Royal, n'est pas beaucoup plus grand que la marge laissée naguère à Lionel Jospin à ce stade de la campagne. Entre le 21 avril 2002 et le 22 avril 2007, la ressemblance n'est pas seulement calendaire...
A quoi tient l'effet Bayrou ? La journée d'hier en donne la clé. Il est le candidat antisystème. Le Pen aussi, dira-t-on, qui progresse dans le silence des enquêtes d'opinion. Mais avec cette différence, qui procède de l'évidence : l'hypothèse Bayrou peut faire sourire, faire enrager ou faire exulter. Elle ne fait pas peur. Dans «centrisme révolutionnaire», il y a d'abord centrisme. C'est flou, mais ce n'est pas fou. C'est surtout destructeur de certitudes. Quand Bayrou dénonce la connivence entre certains groupes médiatiques et le pouvoir, sa voix couvre celle de la gauche. Quand il s'étonne de l'insistante référence au drapeau, il prend Royal à contre-pied et trouble, nous le savons bien à Libération, l'électorat progressiste. Et quand il parle des sans-papiers, il est plu