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Libération

Climat: les politiques au pied du mur

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A Bruxelles, la réunion du Groupe d'experts intergouvernemental a accouché dans la douleur d'un texte alarmant.
publié le 7 avril 2007 à 7h06

Le flegme anglais de Martin Parry a sauvé le Giec. Vendredi matin, à Bruxelles, après une nuit blanche, la panique commençait à gagner son groupe 2, consacré aux «impacts du changement climatique». Si son rapport technique de près de 1 500 pages était bon pour impression, les vingt pages de son «résumé pour décideurs» restaient en panne. Bloquées par une douzaine de refus irréductibles opposés par quelques délégations ­ Etats-Unis, Chine, Russie, Arabie Saoudite. Stéphane Hallegatte, économiste, membre de la délégation française, raconte : «Les uns voulaient minimiser les dégâts anticipés par les scientifiques. D'autres, enlever du texte toute mention de la nécessité de diminuer les émissions de gaz carbonique pour atténuer le changement climatique. Vers 9 h 30, on a vraiment pensé que c'était raté, qu'on allait se quitter sans adopter le résumé.»

Heureusement, Martin Parry, le coprésident du groupe 2, géographe au centre Tyndall sur l'étude du climat (Université d'East Anglia, Royaume-Uni) était à la manoeuvre. Du haut de sa tribune, «imperturbable, il continuait à lire les phrases du texte, montrant par son attitude qu'il était déterminé à rester là jusqu'au bout, à finir le job !». En une demi-heure, l'affaire était bouclée. «Manifestement, la délégation américaine a senti qu'elle ne pourrait pas supporter l'accusation d'avoir empêché l'adoption du rapport», estime Hallegatte. Dans la foulée, chacun effectue des concessions. Les scientifiques et l'Unio