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Libération

Français, mais aux Tarterêts

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A Corbeil-Essonnes, des jeunes racontent la vie dans une cité où ils se sentent «enfermés» et où les CRS veillent.
publié le 7 avril 2007 à 7h06

Ils sont quinze plantés sous les arbres, à l'angle de l'avenue Léon-Blum et de la rue Paul-Gauguin, face aux tours, face à leurs habitants surtout. Casqués, visière abaissée, la matraque à la main, le bouclier contre la poitrine, sur le qui-vive. Des CRS déployés comme par temps d'émeute. Devant eux, la vie s'écoule tranquillement à la cité dite «sensible» des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes. Des enfants qui reviennent du centre aéré, d'autres qui tapent la balle sur le terrain de foot situé un peu plus haut. Une mère maugrée en montant dans sa voiture : «Je ne sais pas ce qu'ils cherchent. Ils sont là pour provoquer. Il ne se passe rien.»«Depuis qu'il fait beau, ils sont là tous les jours», affirme un jeune passant.

Contrôles. Arc-bouté sur la grille, de l'autre côté du trottoir, Ousman goûte le soleil en apostrophant ses copains d'un «je travaille, moi !». Agé de 22 ans, il livre de l'électroménager dans les quartiers où les distributeurs comme Darty n'osent plus aller. «Les jeunes veulent s'en sortir, mais faut leur donner une chance. C'est quoi ce pays où on doit envoyer des CV anonymes pour décrocher un entretien ?» Il dit n'être pas prêt «aux mêmes sacrifices» que son père venu du Sénégal, éboueur de la ville de Paris en retraite. «Parce que moi, je suis français !» Un citoyen qui en a marre d'être «contrôlé dix fois par jour», bien décidé à voter «car c'est la seule façon de faire bouger les choses», et qui aime bi