Alger correspondance
Depuis les attentats de mercredi, les Algériens ont renoué avec la peur au ventre. Sur les traits tirés de l'agent de la protection civile portant les premiers secours aux blessés, dans les yeux des rescapés hagards, dans l'affolement des automobilistes piégés dans le chaos qui a suivi les explosions, Alger a laissé transparaître son désarroi. «Encore», c'est souvent le seul mot qui vient à l'esprit au spectacle du sang et des ruines.
L'onde de choc a largement dépassé les abords immédiats des lieux de l'explosion pour secouer l'ensemble de la capitale. Les réseaux téléphoniques saturés n'ont pas tenu face au déferlement des appels inquiets. «Action non autorisée», se sont mis à clignoter des milliers de téléphones portables, instruments désormais inutiles entre les mains d'hommes et de femmes qui, n'étant pas médecins et n'appartenant pas aux divers services de secours, se sont sentis encore plus inutiles. Vivants mais inutiles, constatation quotidienne des Algériens rendue encore plus insupportable par la proximité du désastre.
Ravageur. Et puis, les mots sont venus, torrentiels, désordonnés, invérifiables : explosions de plusieurs voitures piégées dans la capitale. D'abord l'attentat contre le siège du gouvernement, et puis d'autres, donnés par des rumeurs folles, qui font courir les parents vers les écoles pour en sortir leurs enfants. Avec les téléviseurs qui s'allument sur les chaînes satellitaires, l'information s'est stabilisée autour