Y a-t-il encore une gauche dans ce pays ? Peut-être... Fondée sur un légitime désir de changement, la tentation Bayrou semble désormais plafonner. Une forme de civisme familial se répand à gauche sous la forme du «vote responsable», qui n'est pas très glorieux mais sans doute efficace. Alerte rouge (ou rose...) : on redoute de voir la vieille alliance progressiste, qui représente, bon an mal an, la moitié du pays, une nouvelle fois privée de second tour et par là même rayée de la carte nationale. On trouve Ségolène Royal trop ceci ou pas assez cela. On redoute son inexpérience, on craint sa raideur. Il n'empêche, se dit-on, elle a été désignée sous la pression d'une opinion de gauche en quête de renouveau. On juge le renouveau insuffisant ? Alors on hésite. Normal.
Nicolas Sarkozy simplifie la question. Je suis la droite décomplexée, dit-il, et Bayrou incarne le rêve improbable d'une troisième force alors qu'il a simplement le séant électoral entre deux chaises. L'entourage du candidat UMP est encore plus clair : «C'est simple pour la gauche, dit-on autour du leader UMP, Sarkozy est libéral et Royal sociale. Entre les deux, il n'y a qu'une chimère.» On ne saurait mieux résumer le débat.
Faute de s'être vraiment renouvelé, laissant sa candidate en rase campagne, le PS se rend compte que sa marge de sécurité est fragile, qu'un basculement des hésitants pourrait soudain faire passer Royal en troisième position. C'est qu'il n'est pas sûr de ses idées. C'est que le tr