Vote utile... vote responsable... Pas de quoi vibrer, non ? Le nouveau slogan socialiste ne va pas transporter les foules. Il est vrai qu'il ne s'agit pas de transport, encore moins amoureux. Il s'agit d'une décision pour cinq ans. Du lourd... Alors ne vibrons pas. Réfléchissons. Pour ceux qui ne souhaitent pas voir Nicolas Sarkozy accéder à l'Elysée, il y a en fait deux votes utiles. Le premier s'appelle François Bayrou, choix fort respectable au demeurant. Le leader UDF serait le seul à même de faire barrage à la machine sarkozyenne. Tous les sondages le disent. Mais les mêmes sondages l'écartent au premier tour : n'y a-t-il pas une légère incohérence ? D'autant qu'un autre sondage, celui que nous publions ce matin, montre que le spectre du 21 avril, noir souvenir, planera sur le scrutin du 22. Manifestement, la gauche profonde n'en veut pas.
On peut faire foin de toutes ces enquêtes et choisir de renverser la table. Un 21 avril soft, où le bon François prend la place de l'horrifique Jean-Marie. En avant pour l'aventure centriste ! Mais réfléchissons encore. Qu'est-ce qu'une «aventure centriste» ? Au pire un oxymore. Au mieux, un plat hybride et inconnu, dont on sait seulement qu'il serait accommodé à la sauce béarnaise. De l'aventure à la mésaventure, il n'y a pas loin.
Et puis, faut-il croire si peu à la possibilité en France d'une politique à la fois progressiste et réaliste pour se vouer à Bayrou, cet expédient mi-chèvre mi-chabichou tombé du ciel des sondages ? Faut-il