Nantes envoyé spécial
A chacun son fait divers. Mais, aussi, à chacun ses «libertés». Samedi, dans les Bouches-du-Rhône, Nicolas Sarkozy s'était emparé du cas de Ghofrane Haddaoui, jeune Marseillaise lapidée à mort. Au point de prendre dans ses bras la mère de la victime (Libération d'hier). Hier, Ségolène Royal a saisi l'occasion d'un déplacement à Nantes, «dans un territoire qui vient d'être douloureusement frappé par un crime sexuel abominable», pour évoquer le cas de Sophie Gravaud, 23 ans, violée et assassinée, et pour annoncer avoir eu un contact téléphonique avec la mère de la victime. Ce, juste avant de dégainer «cinq mesures concrètes» contre «les crimes et délits sexuels contre les femmes et les enfants», décrétés «grande cause nationale». Cela à l'occasion d'un discours où elle a, paradoxalement, plaidé pour donner un «souffle de modernité à cette République nouvelle, qui va de pair avec l'invention de nouvelles libertés publiques...»
Course-poursuite sur le terrain du crime ? Volonté de se prémunir contre un éventuel remake du cas «papy Voise», dont le visage tuméfié, à la veille du scrutin de 2002, avait coûté nombre de voix à la gauche ? Assurément, en tout cas, une stratégie systématique de clivage, quel que soit le sujet. L'opération semble bien avoir été pensée sur le modèle de la thématique de l'identité nationale : lancée par Sarkozy, puis investie dans la foulée par Royal.
«Prédateurs.» Face à 9 000 militants