On avait laissé, le 21 avril 2002, des électeurs en colère, en délicatesse avec leurs représentants politiques, au point de chambouler le paysage en boutant la gauche hors de la compétition du second tour. Le référendum du 29 mai 2005 sur la Constitution européenne avait conforté ce sentiment hostile aux classes dirigeantes qui prétendaient imposer leur vision du monde. A lire le sondage postélectoral réalisé par LH2 pour Libération (1), les électeurs du 22 avril 2007 ne votent pas «contre», mais «pour», et choisissent en connaissance de cause les candidats de leur choix. «Ce premier tour d'élection présidentielle n'est pas simplement un contre-21 avril, il est beaucoup plus que cela, note François Miquet-Marty, directeur des études politiques de l'institut LH2. Il s'impose comme un scrutin de régénération politique, avec des motivations spécifiques à chaque électorat, qui ne se confondent pas.» Revue de détail.
La marque du 21 avril, malgré tout
Certes, le succès des trois candidats arrivés en tête Sarkozy, Royal et Bayrou tient beaucoup à la volonté de voter utile cinq ans après le 21 avril 2002. Mais les électeurs ne sont pas des repentis honteux, et 33 % seulement des électeurs de gauche n'ayant pas voté Jospin ce jour-là déclarent éprouver un regret à l'égard de leur bulletin de vote passé. Et seul un quart des électeurs de Royal dimanche l'ont fait par hantise de voir la gauche une nouvelle fois éliminée de la compétition présidentielle.
Bayrou pe