Dans l'imaginaire social traditionnel, chaque profession a sa place : le cadre en ville, l'ouvrier dans une banlieue et le paysan à la campagne. La réalité est aujourd'hui très différente. Il reste moins de 3 % d'agriculteurs, les ouvriers ont quitté les villes et leurs banlieues pour les zones rurales, les cadres se partagent la ville selon leur statut : au centre pour les supérieurs, en périphérie pour les moyens et les «professions intermédiaires» si l'on adopte le jargon de l'Insee. La carte de la répartition des ouvriers et celle des cadres montrent l'intensité de la relégation ouvrière et de l'urbanisation des cadres. Les ouvriers, non seulement ne vivent plus en ville, mais ils ont quitté les banlieues pour vivre dans les campagnes les plus reculées du nord et du centre de la France. On remarque par exemple qu'ils sont les plus nombreux sur les frontières des départements, lieux les plus démunis de France (dépopulation, vieillissement, faibles revenus).
Inversement, les cadres dessinent une carte de la France urbanisée. On voit qu'ils dominent en Ile-de-France et dans les plus grandes villes, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Grenoble, Lille. Leur choix résidentiel se porte plus particulièrement sur des villes dynamiques ayant des fonctions de commandement. Ils représentent une plus grande part de la population à Aix qu'à Marseille, pourtant plus populeuse, à Nancy qu'à Metz, etc.
Partage régional. Dans la France sociologique et économique, les différences régionales se so