Nicolas Sarkozy n'a pas perdu. Mais Ségolène Royal a gagné.
Pourquoi un jugement aussi lapidaire ? Parce que dans ce débat fait de passion froide et de retenue agressive, la candidate socialiste l'a emporté sur un point essentiel : la légitimité. Nantie de 26 % des voix au premier tour presque autant que Mitterrand en 1981 et de sondages innombrables qui la placent juste derrière Nicolas Sarkozy c'est-à-dire, tout de même, avec la moitié de la France pour soutien , elle a démontré ce dont l'opinion a un moment douté : elle est parfaitement capable d'être présidente de la République. Au moins autant, en tout cas, que Sarkozy, qu'elle a malmené pendant plus de deux heures, lui dont on disait qu'il n'en ferait qu'une bouchée. Pugnace, précise, dure à la repartie en dépit de quelques maladresses et d'un sens abusif de l'exemple simple, elle a souvent bousculé le favori de la compétition. Sarkozy fut-il mauvais ? Certes non, au contraire. Mais avec toute sa volonté, sa préparation et l'avantage que donnent les 31 % réunis au premier tour, le leader impérial de la droite n'a pas dominé sa rivale. Que doit-elle encore prouver ?
Du coup, le débat de fond a repris ses droits. Les deux protagonistes en ont donné une version limpide. Un libéralisme à la française pour l'un, un socialisme à l'européenne pour l'autre. Une adaptation de la France à la mondialisation d'un côté, enrobée dans un volontarisme trompeur, un refus de la normalisation de l'autre, enveloppé dans un réalisme d