François Bayrou joue peut-être double jeu, mais son électorat est triple. L'analyse géographique des résultats permet en effet de dégager, parmi ses électeurs, trois groupes homogènes et bien différenciés dont le comportement va être crucial au second tour. Sur les 18,8 % atteints en métropole le 22 avril, 8,8 % seulement proviennent de l'électorat centriste traditionnel (la somme des scores de Lepage et Bayrou au premier tour de 2002). Ils sont importants dans les pays de tradition catholique (Ouest, Alsace, région lyonnaise, sud du Massif central et Pays basque) et, plus récemment, ils ont gagné du terrain à l'ouest de Paris. Ces votes appartiennent à la droite traditionnelle et se reporteront en majorité sur Sarkozy, tout comme viennent de le faire les députés UDF qu'elle a aidé à élire.
Anti-FN. Bayrou a bénéficié d'un second apport, moins facile à percevoir, en provenance de la droite chiraquienne. Pour le faire apparaître, il faut suivre l'évolution de la somme des voix d'extrême droite (y compris de Villiers et Mégret), du CPNT et des gaullistes de 2002 à 2007. Depuis la dernière présidentielle, leur total a régressé en moyenne de 3,5 %, passant de 48 % à 45,1 %. La chute dépasse 5 % dans le Massif central, le sud de la Garonne, la Bretagne et le Cotentin. Au contraire, les droites non centriste et extrême se maintiennent dans tout l'Est, le Nord-Est et sur le rivage méditerranéen, donc là où la compensation s'est effectuée entre pertes FN et gains sarkoziens. Il exist