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Libération
Éditorial

Plan B

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publié le 10 mai 2007 à 7h42

Fromage ou désert. Faute d'avoir décroché le premier, le magot élyséen, voilà François Bayrou condamné à traverser le second. C'est la conséquence d'une stratégie qui tenait du fusil à un coup. Bayrou ne se voulait le supplétif ni d'un camp ni de l'autre ; il réfutait toute alliance à droite comme à gauche ; il moquait les oeillades de Sarkozy, rejetait la main tendue de Royal, et se rêvait en prophète solitaire. Le voilà exaucé. Chez l'élu, la ferveur des convictions est souvent indexée sur la détention d'une écharpe tricolore. Que celle-ci menace de s'envoler, et la fermeté d'âme du parlementaire flanche. Surtout s'il se réclame d'un centrisme qui, sous la Ve République, a toujours versé à droite. Les mêmes qui psalmodiaient frénétiquement, il y a encore quelques jours, le nom de Bayrou rallient donc un nouveau maître qui leur garantit une rente à l'Assemblée. Depuis dix ans, la carrière du patron du nouveau Mouvement démocrate tient du chemin de croix. A chaque station, le messie centriste perd une flopée de fidèles. Entouré d'une poignée de ceux qu'il appelle ses «bédouins», il met alors le cap sur une nouvelle oasis. Cette fois, la prochaine n'est programmée qu'en 2012... Pour l'atteindre, faute de plan B, il ne peut miser que sur la patience ou la providence. La première lui promet cinq ans d'ascèse, la seconde réside dans l'implosion d'un PS laminé aux législatives, seule perspective à même de lui offrir le leadership de l'opposition au pouvoir sarkozyste. A mo