Les socialistes ne remercieront jamais assez Lionel Jospin. Sa décision d'inverser le calendrier électoral pour placer les législatives dans la foulée de la désignation du chef de l'Etat avait, certes, des justifications institutionnelles. Elle a surtout une conséquence implacable : le camp qui a laissé échapper l'Elysée est condamné à subir une nouvelle déconvenue six semaines plus tard. Après avoir enregistré trois défaites à la présidentielle, la gauche s'apprête à subir une seconde raclée d'affilée à l'Assemblée. Merci, Lionel ! Puisque l'échec est, paraît-il, riche d'enseignements, au moins les socialistes peaufinent-ils leur apprentissage à mesure qu'ils les collectionnent : aucun d'entre eux n'ose plus appeler de ses voeux une nouvelle cohabitation, ce qui est pourtant la seule issue politique d'un improbable succès. Il est logique que le quinquennat ait renforcé la prééminence de la fonction présidentielle. Mais la proximité des deux échéances a dépouillé les législatives de tout enjeu. Pour éviter de se contredire aussi sec, les électeurs n'ont d'autre choix que de se répéter. L'obtention d'une majorité à l'Assemblée devenant automatique, celle-ci voit sa légitimité un peu plus réduite à celle d'une simple chambre d'enregistrement des desiderata élyséens. La gauche repart donc au front électoral avec comme seule ambition de limiter la casse. Défaite, déroute ou débâcle : choisis ton camp, camarade ! Les Verts ont repris leurs billes, le PCF a déjà mis la clé sous la
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