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Libération

Itinéraire d'un fin politique

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Embauché en 1977, il a gravi très vite tous les échelons et exercé le pouvoir pendant treize ans.
publié le 23 mai 2007 à 7h55

Derrière sa courtoisie enrobée de miel, l'homme qui s'est fait débarquer hier de son fauteuil de patron du Monde a toujours fait montre d'une incroyable ténacité. Il y a quelques jours encore, même amer et blessé d'être depuis des mois dans le collimateur d'une partie des journalistes du quotidien, Jean-Marie Colombani trouvait encore le ressort de faire son imperator : «J'incarne le Monde comme aucun de mes prédécesseurs. Je n'y peux rien. C'est comme ça. Ce sont les lecteurs qui le disent.»

Certes, on n'est jamais aussi bien légitimé que par soi-même, mais il est vrai aussi qu'en treize ans, JMC (pour faire court) avait su devenir l'un des dirigeants les plus emblématiques de l'histoire du quotidien du soir. Il est le cinquième successeur d'Hubert Beuve-Méry, le fondateur, après Jacques Fauvet, André Laurens, André Fontaine et Jacques Lesourne. Colombani, qui fêtera bientôt ses 59 ans, laisse derrière lui un groupe de 3 300 salariés, bâti à marche forcée. Avec la conviction qu'en ce XXIe siècle débutant, un quotidien ne peut sauvegarder son indépendance en restant isolé. Avec une méthode bien rodée, aussi : «Il fait de la politique comme en faisait Mitterrand. Et des campagnes à la Chirac», résume un connaisseur.

Nuit d'élections. Très fort ? Très calculateur ? Très ambitieux ? Trop ? Ce qui est sûr, c'est que ce fils d'un haut fonctionnaire corse, né à Dakar, a gravi les échelons du Monde au pas de charge. Après avoir classiquement rempli