Nul ne peut se risquer à prédire qu'elle sera «tranquille». Personne n'osera écarter l'émergence de fortes résistances, l'apparition d'un puissant front du refus syndical, voire, qui sait, le réveil d'une opposition politique au cas où le PS sortirait du coma... Mais à la lecture du programme des réformes des six premiers mois de son règne, tout le monde conviendra que c'est bien à une «rupture» que Nicolas Sarkozy invite le pays. Rupture de rythme, d'abord, tant le nombre de changements et de remises en causes en tous genres jure avec la langueur du chiraquisme finissant. Avant même que l'intéressé ne soit convoqué par la justice, c'est le procès de Jacques Chirac que le nouveau chef de l'Etat ouvre en affichant une telle boulimie... Rupture de méthode, ensuite. Il n'y pas de gouvernement Fillon, mais un commando Sarkozy. Le Président veut s'impliquer sur tous les fronts, au risque de se priver du fort utile fusible de Matignon en cas d'avis de tempête. Rupture sur le fond, enfin. Sarkozy entend «bousculer les conservatismes» : au passage, c'est la nature même du «modèle social français» tant décrié qu'il s'apprête à bouleverser. Le premier semestre de sa présidence va s'attaquer au coeur de ce qui en constitue le socle : l'exigence d'égalité, rebaptisée «égalitarisme» pour mieux rimer avec immobilisme. Certes, les renoncements mitterrandiens et l'impuissance chiraquienne ont laissé s'installer une société à plusieurs vitesses. Le projet du locataire de
Dans la même rubrique