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Interview

«Le plus inquiétant, c'est l'effet d'entraînement»

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A Ajaccio, deux collégiennes ont tenté de se tuer jeudi soir. Les enquêteurs travaillent sur l'hypothèse d'un «suicide concerté».
par Camille DIDELON
publié le 26 mai 2007 à 7h58

Après la tentative de suicide des deux adolescentes à Ajaccio, Serge Hefez, psychiatre, responsable du département de thérapie familiale en service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à la Salpêtrière, tente d'analyser comment elles ont pu s'influencer l'une l'autre pour accomplir leur acte.

Comment peut-on comprendre le geste de ces deux adolescentes ?

Ce qui est le plus frappant dans ce qui s'est passé, c'est cette histoire à deux. Que des adolescentes se suicident, c'est assez fréquent. C'est la deuxième cause de décès dans cette tranche d'âge. L'histoire à deux montre bien que l'adolescence est le moment où l'on se défait de ses liens avec ses parents pour amplifier ceux avec ses pairs. Les identifications croisées, les phénomènes de bande entre adolescents sont très importants à cet âge-là. Il peut y avoir, à partir d'un point de départ où une adolescente est mal dans sa peau, peut-être même déprimée, une sorte de cercle vicieux qui se met en place. C'est un peu comme un effet de groupe, une folie à deux. Quel que soit le vrai point de départ, il n'y en a pas une qui est plus responsable que l'autre, parce que, très vite, ça tourne tout seul. Elles se «montent le bourrichon» : elles se racontent l'histoire, et en se racontant l'histoire, elle devient de plus en plus vraie, et de plus en plus réelle malheureusement.

Apparemment, face à la mort, elles se sont lancé un défi...

On sait bien qu'à l'adolescence la dimension du défi est extrêmement importante. Le défi, c