Ajaccio envoyé spécial
Sur les portes vitrées du collège Lætitia-Bonaparte, une affichette photocopiée a été scotchée à la hâte : «Tous les cours de la 6e à la 3e sont assurés pour la journée du 25 mai.» Les profs exerceront quand même, alors que jeudi soir, deux jeunes filles scolarisées dans cet établissement en classe de 4e se sont défenestrées à quelques minutes d'intervalles après avoir échangé un dernier appel. La première s'est jetée dans le vide depuis l'appartement de ses parents au 3e étage d'un immeuble du centre d'Ajaccio, la seconde l'a imitée vingt minutes plus tard d'un 2e étage dans un quartier périphérique.
«Et toi tu sauteras ?» Vendredi soir, les cas de deux autres jeunes filles, dont les gestes suicidaires ont été arrêtés à temps, ont été publiquement évoqués. «Nous n'allions pas laisser les enfants dehors dans ces circonstances alors qu'il nous fallait recueillir leurs paroles, les écouter», explique René Andréani, le principal du collège.
Vendredi après-midi, vers 15 h 30, une troisième condisciple a tenté de faire le grand saut avant d'être rattrapée par la police au moment où elle s'apprêtait à enjamber la fenêtre. Son ordinateur portable ouvert montrait qu'elle participait à une discussion sur un blog faisant la part belle aux idées suicidaires. Dès jeudi soir, José Thorel, le procureur de la république d'Ajaccio, a demandé l'ouverture d'une enquête pour «incitation au suicide». Vendredi, il précisait que sur les mots échangés entr