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Libération
Éditorial

Trompe-la-mort

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A Ajaccio, deux collégiennes ont tenté de se tuer jeudi soir. Les enquêteurs travaillent sur l'hypothèse d'un «suicide concerté».
publié le 26 mai 2007 à 7h58

Il reste encore de nombreuses zones d'ombre dans cette triste histoire d'Ajaccio. Personne ne connaît tous les détails qui ont pu amener deux adolescentes à se jeter dans le vide depuis l'appartement de leurs parents. D'ores et déjà, toutefois, les policiers ont mis au jour des pistes que l'on n'osait à peine imaginer. Ou comment deux jeunes filles ont décidé de se lancer dans un jeu destructeur de trompe-la-mort, sur le mode du «t'es pas cap» qui existe dans toutes les cours de collège. Durant les premières heures de l'enquête, les autorités essaient aussi de déterminer si d'autres de leurs camarades ont pu être dans le secret, l'inimaginable défi ayant été potentiellement relayé sur ces blogs que les ados aiment tant. Avec cette folle hypothèse d'une chaîne de la mort, à laquelle chacun pourrait se rallier librement. Si ces informations se confirment, on pourrait certes saisir l'occasion de ce drame pour faire d'Internet le média de tous les maux, celui par qui le suicide arrive. Mais ce serait oublier que la Toile n'est ici qu'un messager et que, dans ce cas précis, les deux adolescentes ont également correspondu par petites notes et coups de téléphone. Le Web, néanmoins, porte la responsabilité qui est la sienne : celle d'un média hyperpopulaire parmi les plus jeunes pour communiquer entre eux et qui peut toucher une audience beaucoup plus large que n'importe quelle lettre désespérée. Face à la tragédie, on peut au moins noter que les suicides chez les adolescents