En décernant à Cristian Mungiu la plus haute récompense, le jury du Festival de Cannes a non seulement fait preuve d'une justesse de goût irréprochable et d'un flair audacieux, mais il vient également de rendre officiel un secret connu des seuls cinéphiles : en quelques années, la Roumanie, qui revient d'un espace politique où l'image était réglementée par le pouvoir, serait devenue le nouveau havre du cinéma. Non seulement parce que les productions du monde entier, Hollywood et la France bille en tête, s'y disputent ses studios, aujourd'hui parmi les meilleurs marchés du monde, mais surtout parce qu'il sort des écoles de cinéma de Bucarest, depuis une demi-décennie, une palanquée de très jeunes cinéastes, tous habités à la fois par le désir de témoigner des transformations douloureuses que vit en direct la société roumaine de l'après-Ceaucescu.
Cannes, quelles que soient ses sélections, n'a pas traîné pour accueillir bras ouverts cette Nouvelle Vague. En 2004, le jeune Catalin Mitulescu y reportait déjà avec Traffic une Palme d'or du court métrage. En 2005, la Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu rafle le prix Un certain regard. En 2006, c'était autour du burlesque Corneliu Porumboiu d'être honoré de la Caméra d'or avec son premier film (présenté à la Quinzaine) 12 h 08 à l'est de Bucarest. Samedi déjà, nous apprenions que California Dreamin', premier long métrage de Cristian Nemescu, remportait, à titre hélas posthume (le cinéaste s'est tué dan