Arnaud Lagardère est un homme ouvert et chaleureux. On éprouve quelque difficulté à l'accabler quand il est dans la difficulté. Mais le privilège d'hériter comporte en contrepartie, dans le monde industriel en tout cas, des devoirs impérieux. Et puisque son nom évoque naturellement une époque de cape et d'épée, la métaphore historique vient toute seule sous la plume. Le patron du groupe Lagardère se retrouve dans la position de Louis XIII, successeur d'un roi, son père Jean-Luc, qui s'est fait tout seul, à la manière d'Henri IV. Redoutable honneur. Beaucoup doutent, au vu de l'état du royaume, des capacités du jeune roi. Mais le fils du Vert-Galant avait su s'entourer. Arnaud Lagardère est un Louis XIII sans Richelieu.
Il n'a pas réussi, notamment, à se dégager de l'ambiguïté fondamentale qui traduit un certain archaïsme français : le concubinage de l'Etat, des médias et de l'industrie. Pour piloter un groupe comme EADS, hybride privé-public, il faut une expérience politique sans faille et des managers sans peur et sans reproche. Manifestement, un Forgeard, plus connu pour ses stock-options que pour ses capacités d'anticipation, ne correspond pas au critère. Quant aux médias, il eût fallu démontrer avec rigueur que la dépendance à l'égard des marchés publics de l'autre partie du groupe n'avait aucune influence sur leur indépendance rédactionnelle. Dans quelques affaires symboliques mais ravageuses en image, celle de Paris Match ou celle du Journal du dimanche, c