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Libération
Éditorial

Persévérance

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publié le 30 mai 2007 à 8h02

Le costume est plus sombre, la mine plus grave, Danton remplace Jean Jaurès. Voilà pour le décor : Nicolas Sarkozy appelle ça «l'esprit d'ouverture», et il habille son numéro du sourire de l'heureux élu. La musique d'ambiance a évolué, les paroles sont inchangées : le Sarkozy de la campagne législative est la copie conforme du Sarkozy de la campagne présidentielle. Avec ou sans ministres dits d'«ouverture», le chef de l'Etat supprimera la carte scolaire et les droits de succession, instaurera le service minimum et le bouclier fiscal, mettra en oeuvre, dès cet été, les peines planchers, remettra en cause l'excuse de minorité pour les délinquants, etc. Tant mieux ! Tenter d'appliquer le projet pour lequel on a été élu est le premier devoir du responsable politique. Et l'opposition finira bien par trouver dans la persévérance de Sarkozy matière à se refaire une santé. Il est toutefois un élément qui intrigue dans la rhétorique du chef de l'Etat, c'est ce leitmotiv, répété une trentaine de fois, selon lequel critiquer, contester voire s'opposer à ses réformes, c'est, pour la gauche, se ranger du côté d'une «pensée unique» dominante et maléfique. Drôle de règne que celui de cette «pensée unique» battue trois fois de suite à la présidentielle et ultraminoritaire au Parlement. Drôle d'empire que celui de cette «pensée unique» imprégnant des champs politique, économique ou médiatique où la droite détient la quasi-totalité des leviers de pouvoir... En agitant un tel spectre, l