Pour Nicolas Sarkozy, le vote, dès cet été, d'une loi sur les récidivistes et sur les mineurs délinquants aura d'abord un goût de revanche. Dès son arrivée Place Beauvau, en 2002, le ministre de l'Intérieur a utilisé ces deux figures du paysage pénal pour marteler son message de fermeté, traduit par dix lois en quatre ans sur des sujets de sécurité. Un record. Fin 2005, une première loi sur la répression de la récidive a obligé les juges à incarcérer les récidivistes en matière d'agressions sexuelles dès la peine prononcée, sauf décision motivée.
Pourtant, lors de l'examen du projet de loi sur la prévention de la délinquance, en décembre 2006, Sarkozy a dû reculer face aux divisions de son camp, les opposants aux peines planchers pour les récidivistes étant emmenés par Pascal Clément, alors garde des Sceaux, et Dominique de Villepin à la manoeuvre depuis Matignon. Le texte présenté en Conseil des ministres à la mi-juin pourrait tenir compte de ces batailles passées, en adoucissant légèrement le discours de campagne du candidat Sarkozy. Car, comme sur de nombreux sujets, Nicolas Sarkozy a placé la barre très haut, en souhaitant inverser la logique fondatrice de l'ordonnance de 1945 sur les mineurs, qui fait primer l'éducatif sur le répressif, tout en sachant pertinemment que dans sa très grande majorité le corps des magistrats, dont le conservatisme n'est pas qu'un mot, est hostile à ces réformes.
Mais dans la campagne permanente qu'il a menée depuis 2002, Sarkozy n'en a jamais