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Libération
Éditorial

Intention

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publié le 1er juin 2007 à 8h06

Même si l'expression est un peu familière s'agissant d'une ministre de la République, on voit bien que Rachida Dati, garde des Sceaux du gouvernement Fillon, à toutes les apparences d'une fille bien. Issue de cette minorité maghrébine qui souffre plus qu'à son tour dans notre France des droits de l'homme, élevée dans la pauvreté d'un ménage très modeste, elle doit son ascension à son talent et à son travail, qualité que les préjugés machistes et racistes ne manqueront pas de lui contester. Les attaques basses d'un Le Pen, qui met en doute sa nationalité française, soulignent un peu plus le mérite de cette ascension. La gauche, qui n'avait pas eu l'audace de procéder à une nomination comparable quand elle le pouvait, se retrouve prise à contre-pied. Connaissant la loi et le terrain, Rachida Dati a manifestement modulé une première réforme législative que les envolées de la campagne présidentielle promettaient raide et expéditive. Avec un Président qui a la fâcheuse habitude d'empiler les textes répressifs pour complaire à son électorat, alors que ses résultats concrets en matière de lutte contre la délinquance sont plutôt minces, on pouvait s'attendre à pire.

Ce début plutôt louable demande à être confirmé. En cas de victoire aux élections législatives, une troupe UMP sûre d'elle et dominatrice cédera forcément à la tentation de la surenchère. Alors que la lutte contre la délinquance suppose surtout des moyens ­ qui manquent souvent dramatiquement ­ et une juste combinaison en