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Libération
Éditorial

Grosse caisse

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publié le 8 juin 2007 à 8h11

Il y a toujours deux instruments dans l'orchestre sarkozyen : la flûte et la grosse caisse. Il en va ainsi pour la partition fiscale que le nouveau président vient d'arrêter à fin d'approbation parlementaire : un air de flûte pour le social, la grosse caisse pour les catégories supérieures et moyennes supérieures. On approuvera sans barguigner l'air de flûte : un encadrement plus juste des «parachutes dorés» (dont le principe est néanmoins maintenu) et un supplément de revenu indiscutable pour les salariés modestes (à condition qu'ils fassent des heures supplémentaires). Pour le reste, un bouquet d'allégements qui favoriseront principalement... les plus favorisés. Le bouclier fiscal fait encore maigrir l'impôt sur les grandes fortunes. Les exonérations de droits de succession s'appliqueront pour l'essentiel en proportion du patrimoine transmis. Ceux qui se sont seulement donné la peine de naître dans des familles aisées en seront les premiers bénéficiaires, ce qui contredit directement le principe pourtant très libéral de l'égalité des chances à la naissance. Les déductions sur les intérêts pour les futurs propriétaires de leur logement rendent la vie plus facile pour ceux qui ont les moyens d'acheter dans la pierre. Bref, le «choc de croissance» espéré de ces mesures est une douce nouvelle pour les portefeuilles déjà rebondis. Cette politique très conforme aux idées du néo-conservatisme qui domine souvent les grandes démocraties a parfois favorisé l'activité, d'autant qu'un