La gauche avait anticipé la défaite et redoutait une déroute : elle avait doublement raison. Nicolas Sarkozy rêvait d'une majorité écrasante pour avoir les coudées franches : dans une semaine, le nouveau chef de l'Etat sera très probablement comblé. La droite connaît son printemps 1981, la gauche, elle, penche plutôt pour un remake du cru 1993. Elle n'avait plus ni projet ni identité ; depuis hier, elle n'a plus guère d'espoir de sauver les meubles. Au moins cette nouvelle défaite la condamne-t-elle sans doute à tout changer, les têtes comme les idées, et à le faire vite.
Il n'y a pourtant rien d'étonnant à ce qu'elle n'ait pas réussi à mobiliser des troupes traumatisées par la défaite présidentielle. La mécanique politique de l'enchaînement des deux élections est inarrêtable. Raison pour laquelle le scrutin d'hier fut de trop. Et pas seulement pour les socialistes. Le record battu en matière d'abstention illustre l'inutilité des législatives lorsqu'elles sont placées cinq semaines après un duel présidentiel décisif. Il est de bonne logique que l'électorat de gauche ait déserté les urnes hier. A quoi bon voter pour s'opposer à un chef de l'Etat fraîchement et nettement adoubé, quand on n'a encore rien de bien méchant à lui reprocher ? Et quand les ténors socialistes eux-mêmes se refusent à prôner le retour de la cohabitation ? Au passage, ceux-là peuvent remercier leurs anciens camarades qui ont intégré le gouvernement Fillon. En ralliant le camp du vainqueur, Bernard Kou