Il est temps pour le PS de tourner la page Hollande. Le premier secrétaire a sans doute du mal à se l'avouer, mais il est suffisamment lucide pour sentir que ce moment douloureux approche. Homme intelligent, habile, et fort sympathique, François Hollande n'a pas démérité. Il a toujours affiché un louable souci du rassemblement des siens, en particulier au service de sa légitime ambition. Il n'est pas non plus, loin de là, le seul fautif du désastre dans lequel la gauche s'enfonce dimanche après dimanche. Peut-être n'est-il pas même le principal responsable. Seulement voilà, François Hollande est premier secrétaire. Et depuis dix ans. Par fonction, il incarne désormais le statu quo. Quatre enterrements électoraux et pas de mariage en vue faute d'alliés, tel est le bilan de son magistère depuis 2002. Aussi injuste que cela puisse paraître, le PS aura du mal à faire croire qu'il tire les leçons de ses échecs et se refonde vraiment s'il ne change pas aussi de visage. Signe que les tabous survivent à la débâcle, certains caciques ont cru bon pousser de nouveaux cris d'orfraie en entendant Ségolène Royal en appeler hier au centre. Hollande lui-même a laissé transparaître des réticences boutiquières. Certes, la gauche n'a nul besoin d'une femme providentielle, elle-même nettement battue. En revanche, elle doit d'urgence retrouver un semblant de clairvoyance stratégique si elle prétend préparer l'avenir. Lorsqu'on devine que ses meilleurs ennemis, Strauss-Kahn et Fabius, sont tentés
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