Oraison (Alpes-de-Haute-Provence) envoyé spécial
Le patron du Grand Café du commerce a tracé sur son ardoise une phrase de Balzac : «Le comptoir d'un café est le parlement du peuple.» Il a raison : ce jour-là, à Oraison, près de Digne (Alpes-de-Haute-Provence), c'est jour de marché, donc de campagne, et les deux candidats de la 1re circonscription se croisent non loin du bar. Ils s'embrassent. «Ah ! Eliane, on ne se quitte plus ! lance Jean-Louis Bianco. Allez, bon courage pour la dernière ligne droite.» «Eliane» et «Jean-Louis», le grand amour ? Pas vraiment. Le grand duel, plutôt, entre adversaires bien différents. D'un côté, un énarque de 64 ans, ancien secrétaire général de l'Elysée puis ministre de Mitterrand, et codirecteur de campagne de Ségolène Royal. De l'autre, Eliane Barreille (UMP), 56 ans, une novice choisie pour la parité, et qui se retrouve, pour son premier grand défi politique, étonnante favorite d'un scrutin incertain.
Technocrate. Des deux, donc, c'est Bianco qui rame. Chemise mauve, cravate assortie, il fait le tour des marchands. Aux dames : «Je peux vous faire la bise ?» Il prend des notes, conseille : «Vous m'envoyez ça au conseil général, vous marquez "personnel'' sur l'enveloppe, c'est moi qui la lis.» Président du conseil général depuis dix ans, il s'appuie sur cette institution et ses relais. Et tente de briser son image de technocrate: «Ça sert à quelque chose, les campagnes électorales : on voit les problèmes